Par Marie-Christine Etty, Doctorante à l’option Santé Mondiale de l’École de Santé Publique de l’Universite de Montréal et membre ÉJP à l’ACSM
Au cours de la Conférence Canadienne sur la Santé mondiale (CCSM) du 24 au 26 novembre au 2021, plusieurs sujets ont été abordés en lien avec le thème « Repenser les paradigmes de partenariat en Santé Mondiale». Parmi les sujets abordés, trois notions ont retenu mon attention : la réflexivité, l’équité et la décolonisation du savoir.
Réflexivité. La plénière sur «La révolution de la compassion sur les partenariats en santé en mondiale» a beaucoup contribué à mon processus de réflexivité. Lors de cette session, les conférenciers ont partagé leur vision sur les interventions basées sur l’approche culturelle. Selon eux, ce type d’interventions préconise des solutions basées sur les expériences des intervenants locaux et vise à répondre au besoin locaux. Celles-ci se basent aussi sur le partage d’expérience entre les partenaires afin de savoir si l’intervention est pertinente pour eux et assurer la durabilité du partenariat. Les exemples qui illustrent leurs idées sont le partage des méthodes de collecte et d’analyse les données, l’importance de générer des conversations avec le milieu d’intervention afin de s’assurer de la compréhension et de la perception de l’intervention, et la réduction des inégalités par la prise en compte dans le partenariat des besoins structuraux et langagiers. À la suite des interventions, mes réflexions ont été les suivantes : i) Avant la conférence, quelle était ma perception des partenariats en santé mondiale et des interventions basées sur l’approche culturelle? ii) Comment le partage de la vision des conférenciers influencera dans ma recherche la perception des partenariats en santé mondiale et des interventions basées sur l’approche culturelle ?
Équité. À travers plusieurs intervention, il a été souligné que l’accès au vaccin contre la COVID-19 est un bel exemple de l’enjeu d’équité en santé mondiale. Il montre le défi d’intégrer la compassion (régler la souffrance) à la justice (outil utilisé pour régler la souffrance). Ainsi, la difficulté à réaliser un geste de compassion aussi simple montre la limite de nos actions à portée mondiale face aux priorités nationales des pays les plus riches. Cette difficulté montre aussi la limite des moyens de pression en santé mondiale pour le respect des promesses de justice des pays.
Décolonisation du savoir. Elle a été énormément discuté à la dernière journée de la conférence. Ce fut très enrichissant d’entendre l’avis des participants sur sa potentiel définition et sur les moyens pour la mettre en place. Pour moi, cette notion est centrale dans le changement de paradigme désiré en santé mondiale (SM). Il est donc important d’obtenir de manière consensuelle (par une consultation Nord/Sud) une définition et des outils pour la rendre effective dans nos milieux académiques et d’intervention le changement des représentations dans l’éducation. Aussi, au cours d’une des plénières du 26 novembre, deux interventions m’ont sensibiliser sur des concepts importants à décoloniser en santé mondiale : l’aide humanitaire et la légitimité de la région intiatrice du changement de paradigme. Concernant l’aide humanitaire, l’intervention d’intérêt relevait que bien souvent, l’aide est perçue comme celle qui apporte des solutions aux personnes dans le besoin, alors que l’existence de l’aide humanitaire dépend aussi des personnes dans le besoin. J’ai trouvé cette intervention intéressante parce qu’elle décrit une perception largement répandue en santé mondiale sur les partenariats et les interventions. Les intervenants des pays du nord sont souvent perçus comme ceux faisant du bien ou preuve de compassion, ce qui positionne le bénéficiaire du sud dans une situation de dépendance et non de partenariat. Or, même si l’objectif est de réparer une injustice, les intervenants du nord bénéficie aussi des fonds d’intervention ou de recherche et de la renommée associée aux publications des interventions et travaux réalisés. Enfin la seconde intervention d’intérêt met en évidence un problème qui mérite notre attention dans le processus de décolonisation. C’est le risque que l’initiative de décolonisation savoir par les pays du nord soit inefficace et les fassent paraître comme ceux qui décide encore une fois du changement de paradigme à mettre en place dans les pays du Sud. Ainsi, selon moi, la nouvelle vision partagée sur les partenariats en SM devrait être l’un des premiers chantiers de la décolonisation du savoir.