Par Cheick Oumar Tiendrebeogo
La 26ème conférence canadienne en santé mondiale s’est tenue du 19-22 Octobre 2020. Bien qu’étant virtuelle compte tenue de la pandémie actuelle, ce fut pour moi un tremplin et une belle opportunité d’apprentissage et de réseautage. Trois faits ont définitivement marqué mon attention.
D’abord, la parole accordée aux aînés autochtones lors de l’ouverture de la conférence. En effet, la séance a été introduite par une méditation et une prière afin que tous les travaux se passent bien. Puis, j’ai suivi la présentation de Dr Abel Bicaba portant sur la thématique suivante : « Expérience collaborative avec les décideurs politiques ». J’ai compris à travers ses explications qu’une telle collaboration requiert de la patience, la conciliation et un haut niveau de professionnalisme pour non seulement mettre à l’agenda les problèmes réels de santé publique mais aussi et surtout pour pouvoir aligner les intérêts purement politiques avec ceux visant le bien-être sanitaire des populations. Les questions de pérennité des interventions de santé publique ont également fait l’objet de discussions. Ce dernier volet m’a personnellement interpellé car les changements de régimes politiques dans les pays du Sud, riment souvent avec rupture complète des projets et programmes de santé entamés par les anciens régimes. Ce processus de renouvellement permanent souvent non justifié met en mal la continuité des politiques et autres réformes dans le domaine de la santé.
Ensuite, l’exemple du Mozambique dans le cadre de la résilience face au aléas climatiques a été fort enrichissant pour moi. Malgré le passage d’un cyclone ayant fait des dégâts considérables et rendu inaccessibles certaines zones du pays, des organisations telles que « Save the children » et « Plan Mozambique » ont continué à fournir des services de santé sexuelle et reproductive. Leurs activités consistaient à former des pairs éducateurs afin qu’ils soient des relais dans la communauté pour l’éducation sexuelle et les sensibilisations sur le planning familial. En outre, l’intervention de la Professeure Ilona Kickbusch a été l’un des temps forts de cette conférence. Après avoir rappelé les grandes lignes de la charte d’Ottawa, elle a insisté sur l’autonomisation des populations pour l’amélioration de leur état de santé. Plus loin, elle a évoqué la révolution numérique. Cette révolution dite « 4.0 » s’impose actuellement aux intervenants en santé publique qui devront améliorer leur littératie en la matière. Certaines avancées sont d’ailleurs perceptibles à travers des applications telles que « H-intégral » et « O-Mama » développées respectivement à Genève et à Ottawa pour améliorer la santé maternelle et infantile.
Finalement, cette 26ème conférence aura été marquée par l’ouverture du 10ème forum sur la promotion de la santé, au cours de laquelle un accent particulier a été mis sur l’importance de l’implication de la société civile et la prise en compte de la résilience dans la promotion de la santé. Vivement la 27ème conférence !